Les habitudes essentielles d’un leader

L’idée traditionnelle que l’on se fait d’un leader concorde souvent avec une image de politicien ou de DG – quelqu’un de puissant, de très influent, distant et loin des strates inférieures de ses « suiveurs ».
Mais en réalité, nous sommes tous des leaders d’une certaine façon – ou du moins, nous en avons tous le potentiel.
Brad Lomenick équipe et rassemble les leaders depuis plus de dix ans. Dans son nouveau livre, H3 Leadership, Lomenick détaille 20 habitudes de leader qu’il a adopté lorsqu’il était président de « Catalyst » et même avant. Ces habitudes incluent le besoin de rester curieux, d’être capable de se montrer vulnérable ou encore celui de former des successeurs.
Nous avons discuté du livre avec Lomenick, et notamment de la raison pour laquelle la vulnérabilité est un élément clé du leadership. Nous avons également abordé la différence entre travail et vocation.
Dans le livre, vous classez les habitudes de leadership en trois catégories principales : humilité, faim et combativité. Que veulent dire ces mots et pourquoi les avoir choisis ?
A force de gérer des équipes et des organisations, lorsque les stagiaires arrivaient le premier jour, ils s’asseyaient dans mon bureau et me demandaient : « Donne-nous la clé du leadership ». Ma réponse était : Humilité, faim, combativité. C’est la chaise à trois pieds sur laquelle on se tient pour créer une bonne fondation de leadership pour plusieurs raisons. Humilité veut dire : il ne s’agit pas de moi. Faim veut dire : Je n’y suis pas encore, je ne serai jamais arrivé. Combativité veut dire : je dois dépasser mes limites pour atteindre la ligne d’arrivée.
Le leadership demande beaucoup de travail c’est pourquoi il faut s’équiper de bonnes habitudes dès le début. Toutes les choses difficiles dans la vie – arrêter de fumer ou essayer de manger plus sain – demandent un effort particulier pour vraiment pouvoir exceller dans ce domaine. Diriger des personnes est vraiment une tâche ardue, elle doit être accompagnée de bonnes habitudes qui permettront véritablement de tenir la distance.
Si l’on s’improvise leader, on peut parfois tenter des choses et y arriver, mais la plupart du temps on risque d’échouer si l’on ne met pas en place de pratiques quotidiennes.
Vous démarrez votre livre en parlant d’identité et de vulnérabilité. Pourquoi pensez-vous que ce soit important de démarrer là ?
Pour que les leaders soient efficaces aujourd’hui, il faut qu’ils soient prêts à être vulnérables, ouverts et authentiques. Cela est vrai depuis longtemps, mais ce n’était pas nécessairement une priorité pour un leader. Pendant longtemps c’était « fais semblant jusqu’à ce que tu y arrives » et « ne laisse pas les gens te voir transpirer ».
On regardait les leaders et on pensait « Ils ont tout sous contrôle. » Les seules fois où l’on s’apercevait que ce n’était pas le cas, c’est lorsque quelque chose ne se passait pas comme prévu et qu’il y avait une situation de crise. Je pense qu’aujourd’hui, les leaders les plus efficaces sont ceux qui dirigent grâce à leurs faiblesses.
Car voici la réalité : si tu mènes une équipe, ils connaissent déjà tes faiblesses. Ils connaissent déjà tes difficultés. Ils connaissent les choses qui t’énervent et qui t’irritent.
Les gens veulent un leader qui dise “Les gars, je me connais assez pour pouvoir me tenir devant vous et admettre les choses avec lesquelles j’ai du mal. » Il faut le dire de la bonne façon, mais je pense que cet air d’ouverture, cet air de « on est dans la même équipe, on va créer une culture d’authenticité », c’est une preuve de force.
On pense tous à des domaines dans lesquels nous aimerions retrouver un peu plus cette sincérité. Par exemple en politique, s’il y avait ne serait-ce qu’un soupçon d’authenticité supplémentaire, je pense que les gens se rallieraient à ces candidats, surtout les jeunes générations. Des leaders ont dirigé de cette façon, pas simplement parce que c’est la bonne chose à faire, mais parce que c’est efficace.
Cela est vrai à chaque niveau de leadership. Regardez aujourd’hui les magasins dans lesquels les gens achètent. Je n’achète plus chez les grands magasins; je n’achète plus chez les grandes marques qui sont à priori fiables. J’achète chez les gens et les magasins dans lesquels j’ai confiance et qui sont vraies. Je perds confiance en une marque beaucoup plus rapidement qu’avant, car je cherche véritablement quelque chose qui me semble authentique.
Les leaders aujourd’hui s’en sortiront mieux s’ils ont l’air authentiques et ouverts. Lorsque tu commences à gravir les échelons des responsabilités et du succès, l’opposition va forcement commencer à se faire ressentir. Vous devez donc construire une bulle de protection autour de vous, vous assurer d’avoir ces murs qui vous protègent. Vous devez combattre cela à tous les niveaux, surtout lorsque vous montez en influence.
En dehors de cela, quelles sont les autres difficultés auxquelles font face les leaders aujourd’hui ?
Le concept de « travail » est crucial lorsqu’on parle de vocation. Beaucoup d’entre nous mélangeons « travail » et « vocation », alors qu’il est très important de faire la différence entre les deux.
La vocation est le niveau au-dessus des nuages où tes dons et tes passions se croisent. C’est la raison pour laquelle tu es ici, la chose que tu adores faire et ta raison d’être.
Le travail c’est le niveau en-dessous. Cela ressemble plus à des fonctions, à des tâches récurrentes. Lorsque j’ai quitté Catalyst après en avoir assuré la gestion pendant plus de 10 ans, j’ai eu du mal à quitter cette notion de travail. Je devais prendre du recul et me rappeler que ma vocation était plus large. Elle n’était pas forcement plus importante, mais elle allait beaucoup plus loin que d’être simplement à la tête de Catalyst.
Si ma vocation avait été d’assurer la gestion de Catalyst, quand je l’aurais quitté alors mon monde se serait effondré subitement et m’aurait laissé sans plan de vie ni futur. Heureusement ma vocation a toujours été d’influencer les influenceurs et rassembler les leaders. Mes fonctions étaient de gérer Catalyst, mais le travail était terminé. Lorsqu’un chapitre du livre s’achève, il faut savoir passer au prochain chapitre.
Si les gens se raccrochent à cela, alors il n’y aura pas autant de confusion entre travail et vocation. Il est assez courant de constater que de nombreuses personnes pensent que leur travail est leur vocation. Un jour ils changent de travail et leur monde s’effondre.
Comment conseillez-vous les gens qui commencent à appliquer ces 20 habitudes de leadership dans leur vie ?
Je leur dirais qu’il faut commencer quelque part. 20 habitudes à mettre en place, ça fait beaucoup, ça freine. Je dirais qu’il s’agit plus d’un plan, d’une stratégie de jeu à déployer. Imaginez que vous soyez nouveau dans une équipe de sport et que vous deviez apprendre 20 stratégies de jeu afin d’être prêt dans deux ou trois semaines. Vous n’allez pas toutes les essayer au premier match. Vous allez les essayer au fur et à mesure de la saison.
J’aimerais que ces 20 habitudes soient accessibles, et si vous pouvez toutes les mettre en place, tant mieux. Mais c’est plutôt de l’ordre de « les voici, travaillons dessus ensemble ». Je pense que çela prend des semaines, si ce n’est des mois, voire un an ou deux, ou même quelques années pour que quelqu’un puisse s’imprégner de toutes ces habitudes et les mettre en pratique d’une manière à réellement changer son style de leadership. Je voulais juste m’assurer qu’elles soient toutes listées quelque part.
Dargan Thompson
Source : http://www.relevantmagazine.com/life/maker/most-important-habits-leaders#cSjgXuQsdmFWlYIY.99